Un aigle passe... [FINI]

Le ciel était d’un bleu limpide, quelques nuages effilochés s’étaient perdus et volaient dans l’azur, laissant des panaches d’un blanc laiteux derrière eux… Un aigle de grande envergure planait dans la voûte céleste, son ombre se dessinait dans la prairie d’herbes folles. Les aiglons avaient eu à manger peu de temps avant et étaient à présent rassasiés, aussi, le volatile royal ne chassait pas, il surveillait juste son territoire céleste qu’il partageait avec une toute autre espèce vivante. Celle-ci était bien sûr munie d’une paire d’ailes plus blanches que le plumage d’une colombe et plus soyeuses que la soie réservée aux grands rois. Cette « race » n’était autre que celle des anges, vous avez dû vous en douter… Etres divins qui habitent les cieux et servent la paix, dirigés par un Guide élu par le Tout-Puissant, et vivant en harmonie avec les leurs… Et les autres d’ailleurs.

Le jardin d’Alton était parsemé de fleurs sauvages et colorées, dont le parfum embaumait toute la prairie. On pouvait y trouver bon nombre d’herbes folles éparpillées un peu partout, chatouillant les pieds ou les mollets de ceux qui se promenaient en ce lieu enchanté. Des insectes et des rongeurs vivaient paisiblement leur vie sur cette terre appartenant aux anges.
D’ailleurs, dans ce jardin, on pouvait en trouver un, d’ange. Et pas n’importe lequel ! C’était le Guide, monarque des Anges et souverain de la paix.

Etendu dans l’herbe fraîche, entouré de pâquerettes dont les pétales cachaient des perles de rosées, il observait les rares nuages défiler… Les yeux grands ouverts, il essayait de discerner des formes dans les cieux, mais ne voyait que des moutons se suivre à la file indienne, ou alors en paquets. Tout dépendait du bon vouloir du vent. Le zéphire justement venait de se lever et faisait danser les boutons d’or dans la prairie. L’ange qui s’était allongé dans le grand jardin sauvage tendit une main pour cueillir une fleur dorée. Il la ramena près de son nez et en huma le parfum délicat.
Samaël, car tel était son nom, se releva enfin, défroissa sa chemise et s’étira. Deux ailes de grande envergure et d’une blancheur éclatante se déplièrent derrière l’ange, et celui-ci lâcha un bâillement détendu. Pour finir, il regarda autour de lui, puis se mit à marcher.

L’astre d’or avait déjà parcouru une bonne distance de sa course perpétuelle quand on retrouva à nouveau notre ange. Il était assis en tailleur sur une pierre, dans le jardin d’Alton. Il n’avait pas changé d’endroit… De toute façon, il avait toute sa longue vie devant lui pour explorer le monde à sa guise… Chose qui lui serait aisée grâce à son « moyen de transport personnel »…
Samaël avait les yeux fermés cette fois-ci, et on put ainsi mieux observer ses traits détendus. Un nez fin, de bonne taille, des lèvres délicates et rosées, une peau sans imperfections… Ses cheveux d’or avaient pourtant perdu de leur éclat car le soleil commençait à se coucher… C’était la fin de journée, et il était arrivé ici tôt le matin… Cela lui arrivait souvent de passer des jours entiers sans rien faire. Il savait que le château était calme ces temps-ci, il n’avait pas besoin de se soucier d’affaires compliquées…

Il était donc là, assis sur un rocher plat, méditant sur sa journée et celle du lendemain, réfléchissant à sa situation, comme il le faisait souvent… Un aigle royal passa au dessus de l’ange… Le même que celui du matin…

Le temps radieux donnait un air printanier au Jardin d’Alton. Les arbres en fleurs embaumaient l’air d’un délicieux parfum de nature. Des milliers de couleurs rivalisaient de beauté et de chaleur sur les pétales ouverts. Le Soleil nimbait la nature d’un halo doré et diffractait, en un magnifique arc-en-ciel, les couleurs sur les gouttes de rosée. Des oiseaux sifflaient une mélodie joyeuse, une renaissance de la plaine après un hiver rigoureux. Perchés dans tous les arbres, ils offraient une diversité extravagante de sonorités, toutes plus belles les unes que les autres. L’ombre d’un aigle royal traversa l’étendue émeraude pour disparaître dans le ciel parmi les nuages épars.

Bien que les territoires des quatre peuples soient quasiment sans frontières visibles, on ne laissait pas pénétrer tout le monde dans le jardin d’Alton. L’atmosphère y était si pure, si tranquille, qu’un intrus se sentait vite mal à l’aise et ne souhaitait plus qu’une chose. Quitter les lieux sur le champ. Aussi la vampire fut elle surprise de pouvoir fouler le sol angélique sans avoir une irrépressible envie de fuir. Ses longues promenades l’avaient mené ici. Elle n’y était jamais allé et fut soudainement poussée par une vive curiosité de découvrir cet endroit dont l’air était, parait-il, aussi pur que l’eau d’une source.

Le bruit feutré de ses pas dans l’herbe lui permettait de garder son calme autant que possible. Pour l’instant elle n’osait pas trop s’ouvrir aux merveilles qui l’entouraient par peur de souiller les lieux par sa différence. Car Isabella le savait bien, les vampires n’étaient pas toujours bien vus par les autres peuples. Souvent montrés du doigt et considérés comme des monstres dans un corps d’humain, ils avaient du mal à se faire apprécier. Néanmoins ils étaient respectés, même si craints aurait tout aussi bien convenu.

La jeune femme se croyant seule eut un léger sursaut en apercevant une silhouette un peu plus loin. Allongé sur un rocher large et plat, l’homme était doté d’une paire d’ailes. C’était un ange, un Gardien des Cieux. Ne voulant pas le gêner dans sa probable méditation, Isabella s’éloigna du rocher. Une vingtaine de mètres les séparaient, elle ferma les yeux. S’arrêta de marcher. Soupira. Et fit demi-tour. Elle s’arrêta à mi chemin et attendit. Peut-être l’ange la verrait-il, il sentirait sûrement sa présence nauséabonde.

Le temps passait comme l’eau coulait dans la rivière calme, laissant défiler les secondes, les minutes et les heures sans qu’on puisse réellement les distinguer. Le Soleil déclinait peu à peu, le ciel se teintait de rose et d’orange, comme si les fleurs déteignaient sur les Cieux et une brise fraîche venait de se lever, agréable après une longue et chaude journée. L’aigle était parti, rejoignant son nid…

L’ange avait finit par s’allonger, étendant ses longues ailes blanches sur la pierre froide, se délassant et profitant des derniers rayons de l’astre d’or avant que la lune ne le remplace. Un papillon s’était posé non loin de lui, mais à sa première respiration, l’insecte éphémère aux ailes bariolées de mille et une couleurs s’échappa dans un coup de vent qui le porta haut dans le ciel.

Soudain, quelque chose dans l’air changea. Le parfum de la prairie n’était plus la seule odeur présente. Une toute autre senteur était là, sauvage, fugace, prête à partir au moindre faux mouvement… Samaël se releva lentement et s’assit, observant aux alentours. Ce fut au moment où l’astre céleste sortit des nuages qui avaient été poussés juste devant qu’il la vit. Cascade de cheveux d’un rouge flamboyant et taille fine, une femme était sur le point de partir, lui tournant le dos. Elle l’avait vu et craignait d’être vue…

Un sourire se dessina sur les lèvres pâles du Guide et il se mit debout, s’apprêtant à rejoindre la vampire. Il avait déduit la race de l’inconnue par l’odeur caractéristique des buveurs de sang. Il n’avait jamais réellement compris ce besoin de s’abreuver de la vie des autres, mais respectait néanmoins cette faim particulière. De toute façon, qu’y pouvait-il ? Etrangement, il n’était dérangé par aucune odeur de peuple, aussi sauvage puisse-t-elle être.

De sa démarche souple, fluide, il rejoignit rapidement la femme à la chevelure comme enflammée, son sourire apaisant illuminant toujours son visage fin. C’était la chef du clan de Denali, il le savait. Comment s’appelait-elle ? Il avait déjà entendu son nom quelque part… Isabelle ? Bella ? Isabella, voilà… L’ange à la chevelure d’une blancheur immaculée susurra quelques mots à l’oreille de la vampire. Sa voix douce et veloutée traversa l’air, moqueuse et provocante, mais accueillante et enjouée.

- La beauté est un jardin sauvage…

Il laissa son regard se porter sur le paysage qui les entourait, ne sachant pas si Isabella, c’était ainsi qu’elle s’appelait non ?, comprendrait le double sens de son affirmation… Aujourd’hui, son humeur était plutôt joyeuse, aussi ne se priverait-il pas de faire des remarques sur tout et pour tout… N’attendant pas de réponse, il continua toujours, s’amusant tout seul de la future réaction de la dénommée Bella.

- Dracula est de sortie, mais le soleil n’est pas couché… Que me vaut l’honneur de cette visite ? Ah moins que vous ne vous attendiez pas à me trouver ici…

Parce qu’il savait qu’elle pensait être seule, il s’était permit de poser la question. Dans quelques minutes, seule la lueur de l’astre d’argent et des étoiles éclairerait faiblement les deux êtres différents par nature, mais pourtant semblables.

Le coeur de Bella manqua un battement. La voix qui s'était élevée était si juste, si pure. Malgré l'intonation clairement masculine de l'inconnu, elle doutait de sa nature d'Homme. Lentement elle se retourna et découvrit, à quelques pas à peine d'elle, un homme ailé divinement beau. Son regard clair mais insondable la fixait, un brin amusé par la situation. La vampire comprit soudain que si la perfection existait réellement, alors elle s'était incarnée dans cet ange.

Un rayon de soleil jouait sur ses mèches blondes leur donnant un reflet doré. Elle se rendit alors compte qu'elle le dévisageait, sans rien dire. Rosissant autant que cela était possible pour un vampire, elle essaya de se remémorer les paroles de l'inconnu.
La beauté est un jardin sauvage...
Ce compliment voilé lui était-il destiné ? Isabella eut un élan de gratitude pour cet ange, talonné de près par la curiosité de savoir pourquoi il lui offrait ce compliment sans la connaître, sans savoir si elle apprécierait. De plus il avait sûrement dû sentir sa nature de vampire. Comment un homme de bien, un pacifiste pouvait-il s'intéresser à une buveuse de sang, à un être qui semait la mort ? C'était... déroutant.

Néanmoins Bella choisit de dissimuler son trouble. Elle sourit, mi-figue mi-raisin et répondit d'une voix posée:

Je cherchais un endroit exempt de tout mal.

Soudainnement la vampire réalisa que l'homme qui se tenait face à elle n'était autre que le Chef des Anges. Samaël le Guide... Un éclat de fascination traversa le feu de ses yeux. Bien qu'elle l'ai rencontré de nombreuses fois lors de discutions sur le monde d'Osura et des décisions à prendre, elle ne lui avait jamais vraiment parlé et jamais encore il ne lui avait fait de si beau compliment. Jamais aucun homme ne l'avait d'ailleurs complimenté jusqu'à ce jour.

Comment se porte le monde des Cieux ? Il est plus beau que jamais aujourd'hui.

Les anges et les vampires n'étaient pas véritablement des ennemis et Bella songea que c'était une bonne chose. Samaël était vraiment... fascinant. Un sourire naquit sur son visage d'une blancheur de neige. La journée n'était pas si mauvaise finalement. Son regard se perdit dans l'océan des yeux de l'ange.

[HJ : Un éclat de fascination traversa le feu de ses yeux.
Samaël était vraiment... fascinant. Razz

*sors*
*reviens*
Juste : je n’aime pas dire « buveuse de sang », mais je n’ai pas d’autres synonymes pour les vampires ^^]

Samaël observait encore la vampire quand il distingua sur son visage fin un air quelque peu gêné. Le sourire d’Isabella ne le trompa pas, et il sût qu’il venait là de lui faire plaisir. Il n’en fut que plus heureux mais la réponse de la chef des Denali lui fit détourner le regard vers l’horizon. Comme pour contredire le vampire, on put distinguer au loin un oiseau de proie s’abattre sur le sol, ses serres meurtrières en avant. Alors qu’il remontait en flèche vers le ciel, on pouvait voir entre ses pattes une petite forme, un rongeur très probablement…

L’ange qui avait assisté à cette capture sourit d’un air moqueur. La nature était ce qu’elle était, et on ne pouvait la changer… Quand il tourna à nouveau ses yeux vers la buveuse de sang, il entra plus dans les détails de son visage. Ses yeux d’un rouge soutenu n’avaient pourtant pas l’air assoiffés, ses lèvres étaient charnues et de couleur pourpre, tandis que ses joues étaient semblables à de l’ivoire. Détailler ainsi ses interlocuteurs ne lui permettait non pas de mieux cerner leur caractère, loin de là, mais plutôt de mieux se souvenir d’une rencontre. Et oui, il n’avait pas la mémoire infaillible, et il lui arrivait de ne plus se souvenir d’avoir un jour rencontré telle ou telle personne si le moment n’avait pas été intéressant du tout.

De plus, il se plaisait à examiner la jeune femme, même si cela pouvait la mettre mal à l’aise. Pourtant, s’il s’apercevait que c’était le cas, il finirait par détourner le regard afin de soulager sa « victime » . La contemplation fut interrompue par une simple question qui ravit l’ange. Levant la tête vers le ciel qui s’assombrissait de plus en plus, il prit un temps avant de répondre, et dit :

- Le monde des Cieux est calme en ce moment, il faut bien un peu de répit de temps en temps… Je ne pourrais tenir sans cela. Bien que je sache que vous préférez la nuit, j’aime à m’y promener lorsque le soleil nous éclaire et nous réchauffe. Il fait plus frais Là-Haut…

Terminant sur un ton plaisantin, il laissa échapper un rire frais et joyeux. La lune remplaça enfin l’astre d’or, et le jardin d’Alton se transforma complètement. L’arbre que l’on apercevait au loin devint une gigantesque ombre qui prenait différentes forme selon l’angle sous lequel on le regardait, les bruits semblaient provenir de partout à la fois, et l’air était moins lourd… Un zéphire remplaça la brise légère, faisant voleter les aigrettes oubliées des pissenlits. L’ange en cueillit un à ses pieds, prit une graine entre le pouce et l’index, la déposa dans sa paume, et la laissa s’envoler vers le ciel lors d’un coup de vent. Il avait presque oublié la présence… Humaine à ses côtés, mais revint bien vite à son devoir avec un sourire charmeur. Les reflets de sa chevelure étaient passés de l’or à l’argent grâce à la lueur de l’astre d’argent…

Sa voix veloutée rompit à nouveau le silence et Samaël demanda innocemment :

- Qu’aviez-vous l’attention de faire après avoir trouvé cet endroit… Exempt de tout mal ?

Il était réellement intrigué par ce qu’aurait pu faire la vampire dans ce jardin de paix. Il savait que tout le monde n’avait pas sa patience… angélique, à attendre que le temps passe comme un pêcheur sait attendre qu’un poisson trop timide morde à son hameçon sans appât… Peut-être qu’Isabella se serait promenée, sûrement même, il y avait tellement de belles choses dans le champs de fleurs sauvages… Mais il ne savait pas, et attendit la réponse, toujours le même sourire sur son visage pâle…

Le soleil terminait sa course vers l’ouest à la grande satisfaction de la vampire qui, malgré qu’elle apprécie les journées ensoleillées où la nature semblait rayonner, préférait la clarté obscure de la nuit et les mystères qui l’accompagnaient. Et c’est non sans sourire qu’elle entendit le chant des criquets démarrer une mélodie fraîche et légère. Les ombres s’étirèrent, créant des formes éphémères dans l’herbe sombre. Les cieux étaient nuageux ce qui assombrissait les lieux mais de minuscules lucioles clairsemaient ça et là de petites lumières vertes qui permettait de se retrouver dans le Jardin.

Nullement gênée par l’obscurité, Isabella écouta la réponse de l’ange. Apparemment, eux aussi vivaient une période tranquille. Elle ne put s’empêcher de rire lorsqu’il évoqua la difficulté d’être chef pendant les temps de guerres, particulièrement lorsqu’elles étaient internes. Le clan de Denali semblait calme mais elle doutait au fond d’elle que cette paix dure. Cela ressemblait étrangement au calme qui précède une tempête. Violente. La vampire soupira doucement. Ce qui comptait aujourd’hui c’était que tout allait bien.

Remarquant que Samaël la détaillait scrupuleusement, Bella toussota. Cela ne la gênait pas tellement mais elle ne voulait pas qu’il y ai d’ambiguïté entre eux. Tenant l’ange en haute estime sans vouloir le montrer, elle préférait lui montrer que sous son masque de femme se cachait une buveuse de sang. Elle ne voulait pas qu’il l’oublie pour ne pas le décevoir si leurs relations allaient jusqu’à une amitié.

Il la tira de ses réflexions quelques secondes après. La chef des vampires porta son pouce et son index de part et d’autre de son menton, feignant de réfléchir intensément puis répondit en souriant.

Mmmh… C’est une bonne question. A vrai dire il n’y a pas vraiment de réponse. Une balade aurait été la bienvenue je pense, mais vous vous êtes présenté à moi. Je n’avais guère le choix.

Isabella sourit malicieusement, dévoilant des dents blanches. Grâce à une technique bien connue chez les vampires, elle avait dissimulé ses canines pointues derrière un simple charme. Cela lui permettait de ne pas trahir sa nature en pleine discussion.
Le rythme de son cœur continuait de battre rapidement. La sensualité du Guide ne la laissait que peu indifférente. De tous les peuples, celui des anges était sûrement le plus beau question physique. Fils du ciel, il était normal qu’ils aient un charme naturel.

La vampire écarta une mèche de cheveux qui lui chatouillait le cou. L’ambiance féerique et mystérieuse de la nuit était tout à fait installée maintenant. Bella sentait son sang battre dans ses veines à l’appel de la nuit. C’était l’heure de chasser pour les vampires. Se plaisant en la compagnie de Samaël, elle refoula sa soif et sourit de nouveau. Totalement maîtresse d’elle-même. Du moins en apparence…

A la réponse d’Isabella, l’ange éclata de rire. Le son cristallin monta vers le ciel et disparut en un coup de vent. Un oiseau qui s’était posé dans l’herbe fraîche s’envola, surprit par le bruit, les criquets se turent, méfiants… Puis, lorsque Samaël reprit son calme, ils recommencèrent à chanter en cœur. L’oiseau ne revint pas, il était parti vers d’autres contrées, explorer le monde…

- Ainsi vous êtes en train de me dire que je vous ai empêché de vous balader…

Adoptant la même position que la vampire, le pouce et l’index encadrant le menton, il fit mine de réfléchir, moqueur. Après quelques secondes à la regarder avec des yeux pétillants de malice, tel un enfant, il reprit :

- Je ne voudrais pas vous empêcher de contempler la… Beauté de ce jardin… Mais laissez-moi vous accompagner, la solitude ne convient pas pour toutes les heures… Je vous montrerais les plus beaux endroits.

Cette dernière phrase fut accompagnée d’un clin d’œil, puis d’un nouveau rire. Etrangement, le Guide était passé du statut « mystérieux » à « espiègle », et cela en très peu de temps. Ses compagnons étaient habitués à ce caractère particulier, mais quelqu’un qui ne le connaissait pas pouvait être surpris…

Sans attendre de réponse, il commença à marcher, lentement, afin de laisser le temps à Bella de le rattraper si elle voulait. De toute façon, il avait envie de marcher, bouger… Mais il aurait été incongru de s’envoler et de la laisser au sol alors que lui pouvait aller où il voulait…
Il savait où aller, mais ferait la surprise à la chef des Denali. C’était un lieu où il aimait se promener, il surplombait alors les plaines qui s’étendaient jusqu’aux forêts ou montagnes. De là-bas, il pouvait même distinguer les toits des plus hautes tours du Palais Royal.

Une chouette passa au raz de l’herbe dans un froissement d’ailes, entre l’ange et la vampire. Lorsqu’elle remonta en piquet, elle tenait dans ses serres un rongeur, un mulot ou une souris des champs… Son hululement résonna longtemps dans les airs, et l’être Céleste regarda l’oiseau nocturne partir vers l’horizon.

Enfin il se tourna à nouveau vers Isabella et l’invita à le suivre.

- Alors, vous venez ? Je ne vais pas vous manger…

Sur ces derniers mots, il lui fit dos et fixa la petite colline qui se dressait aux limites du Jardin d’Alton. Un sourire taquin flottait sur ses lèvres fines…

Le rire de l'ange provoqua une vague de chaleur dans le corps d'Isabella qui s'étonna de cette réaction et savoura le plaisir qu'elle provoquait. Ce fut à son tour de rire lorsqu'il l'imita dans sa position de déduction parfaite. Son rire s'éteignit à la proposition de Samaël. La perspective de se promener avec lui la séduisait dangereusement mais d'un autre côté n'allait-t'elle pas être tentée par le sang divin et chaud qui circulait sous sa peau et que l'éclat de la Lune rendait argentée.. La vampire se plaisait tellement en sa compagnie qu'elle finit par accepter, c'était un challenge de plus à relever. Résister à la plus violente des tentations sans laisser transparaître cette envie.

Sa réfléxion intérieure avait duré une seconde à peine et Bella retrouva son sourire en ajoutant d'une voix mi-moqueuse mi-heureuse.

- La solitude ne m'a jamais dérangée mais j'accepte votre proposition. Après tout, vous êtes le maître de ces lieux.

Sa phrase fut à peine finie qu'une chouette passa entre les deux êtres pour venir cueillir son repas au sol. L'ange en profita pour s'éloigner lentement, laissant encore le choix à Isabella de refuser ou de le rattraper. Elle le rejoignit en quelques enjambées et répondit à son allusion cannibale:

- Vous non, vous ne mangerez personne.

Cela ne l'incluait pas forcément et elle avait opté pour cette phrase là pour ne pas choquer Samaël avec sa vraie nature. Bella se demanda s'il savait qu'il était souvent dangereux de se promener avec des vampires la nuit. Avait-il une sincère confiance en la résistance au sang de la Chef des buveurs ou jouait-il avec le feu? Le proverbe que lui avait appris sa mère à ce sujet refit surface mais elle le retint sur ses lèvres, le Guide n'avait pas besoin qu'on lui fasse la leçon.

La jeune femme se laissa guider parmi les chemins invisibles où la Nature avait tous les droits. Un silence respectueux séparait les deux êtres. Les bruits de la nuit devenaient plus feutrés, une ambiance plus privée s'installait dans le Jardin. Des lucioles venaient voleter autour de la vampire et donnait un air encore plus mystérieux à Samaël. Isabella renonça à poser la question qui lui incendiait les lèvres. L'instant était trop magique. Son regard glissa vers l'ange, la beauté faisait réellement partie intégrante de ses traits. Un sourire léger esquissa de petites parenthèses sur les joues de la jeune femme qui se délecta de tous les instants passés en la plus divine et fascinante compagnie.

A la réponse de la vampire, le sourire de Samaël s’était encore plus étiré. Il jouait avec le feu, il en était conscient, mais sa douce folie le poussait à savoir jusqu’où pourrait résister Isabella. Quand devrait-elle s’éclipser en prétendant quelque chose qu’il ne croirait pas afin d’aller chasser ? Jusqu’à où devrait-elle s’éloigner pour ne plus sentir l’odeur du sang chaud qui flottait dans l’air, pour ne pas risquer de blesser l’ange ? Non, elle ne le toucherait pas, il le savait, en était certain. De toute façon, elle ne pourrait pas. Il réagirait avant elle et décollerait, elle ne pourrait pas l’atteindre…

Etait-il trop sûr de lui ? Peut-être, peut-être pas…

L’appel du Ciel… Il était de plus en plus fort à mesure qu’ils avançaient sur le chemin invisible, entre les hautes herbes et les fleurs sauvages qui chatouillaient leurs chevilles. Il serait tellement plus facile de s’envoler pour atteindre les merveilles de ce monde déchiré… Mais il n’était pas seul, et elle ne pourrait pas le suivre. Il ne lui montrera pas le ciel mais bien un endroit secret de ce jardin, lieu qu’il avait découvert par le plus grand des hasards…

Une butée se découpait non loin d’eux, dans un ciel d’encre. Samaël accéléra un peu et se retrouva en haut de la colline miniaturisé. Il se retourna et sa voix fut portée par un coup de vent jusqu’aux oreilles de la jeune femme.

- Viens, suis-moi…

Puis la voix s’évapora, comme si elle voulait garder secret la magie de ce lieu…

La silhouette de l’ange disparut à son tour, il était redescendu de l’autre côté… A peine eut-il fait un pas de plus qu’il se força à s’arrêter. Il devait l’attendre, pour lui faire découvrir la merveille de ce lieu. Déjà les odeurs commençaient déjà à planer autour de lui, envahissant peu à peu son esprit, prenant le contrôle de ses pensées… Les parfums étaient puissants, envoûtants…

L’endroit aurait été d’autant plus beau si le soleil avait pu l’illuminer, mais il faudrait se contenter de la lueur de la lune. Celle-ci dévoilait une véritable roseraie. Des centaines de variétés de roses, des sauvages, des délicates, des rouges et des blanches, des grandes et des petites… Le paradis des sens, en quelques sortes, avec ces arômes et ces couleurs, la douceur des pétales et le piquant des épines…

D’ailleurs, en parlant d’épines, il faudrait faire attention à ce qu’aucune n’entame la chair blanche de l’ange… Ce dernier fit quelques pas entre deux rosiers. Ses préférés. L’un présentait des bourgeons d’un rouge sang, même si elles semblaient plutôt noires dans la nuit. C’étaient de toutes les plus sublimes. Parfaites, sans aucune tache, elles étaient pourtant agressives par leur coloris.

Le second arbuste, lui, cachait des boutons nacrés, qui s’ouvriront d’ici quelques jours encore. Il fallait savoir être patient pour pouvoir les cueillir, les observer de plus près, détailler les gouttelettes de rosée qui se seront déposées dessus, et enfin les humer… Quand les pétales seront complètement ouverts, que la rose se sera épanouie, alors on pourra l’attraper, ou alors la laisser là où elle est, pour ne pas la faire faner...

L’archange s’agenouilla et arracha une mauvaise herbe. Pourtant, elles n’étaient pas abondantes, c’était comme si quelqu’un venait e secret soigner cette partie du jardin. Il fit part de ses pensées à Isabella, tout en se relevant. Il enchaîna ensuite d’une voix encore plus voluptueuse que d’habitude, comme s’il craignait de réveiller ses… « Protégées » :

- Je n’ai encore jamais vu personne ici, c’est pourquoi je pense que personne ou peu de gens connaissent le trésor qui y est caché. Je me trompe peut-être, mais il faut s’aventurer loin dans le jardin pour le découvrir…

Pour conclure, il dévoila ses dents blanches dans un immense sourire, et se remit à déambuler entre les arbrisseaux. Malheureusement, il fallait que ça arrive (ça lui arrivait très fréquemment en fait), il passa trop près d’un rosier et des épines accrochèrent le bas de son pantalon… Avec ce qu’il y avait en dessous…

- Aïe !

[Héhé, on va voir comment Bella réagit ^^]

Sans attendre une seconde de plus, Samaël s'éloigna vers une petite colline éclairée par des rayons de Lune. Ses pas, foulant l'herbe sombre, ne faisaient aucun bruit si ce n'est un doux frôlement. A côté de lui, la Vampire avait la honteuse impression de faire un vacarme époustouflant. Mettant ce sentiment de frustration à l'écart, elle écouta la voix sage et mystérieuse de l'Ange, se laissant guider par elle. Très doucement, Isabella s'avança vers la butée. Son guide avait disparu mais elle s'en était remise à ses sens surdéveloppés. La finesse de son odorat l'amena sur une roseraie secrète, dissimulée par l'ondulation du terrain.

Apercevant Samaël, la jeune femme se dirigea à pas souples et lents vers lui. Son regard allait et venait sur les multiples variétés de roses qui s'offraient à sa vue. Malgré l'obscurité et la maigre lueur argenté qui émanait de l'Astre de la nuit, Bella avait une parfaite vision de l'étendue des couleurs des fleurs. Chacune avait sa particularité, elles étaient toutes d'une beauté sublimale mais unique pour toutes. L'une d'elle était très sombre, presque noire, et à la base de ses pétales, dansaient des flammes pourpres. Plus loin, un bouton à peine né promettait une explosion de feu sur les rainures de sa robe duveteuse. A quelques pas de lui, un feu d'artifice aux milles couleurs était donné par une dizaine de roses ouvertes sous les éclats lunaires. Chaque rose était garnie de couleur et pleine de douceur pour les regards curieux de ce jardin secret.

La jeune femme était emerveillée par la magie des lieux. Ici, le mystère et la douceur étaient les seuls véritables maîtres. La guerre, la souffrance et le désespoir n'existaient pas au milieu des fleurs. La pensée qu'elle avait enfin trouvé ce monde exempt de tout mal lui caressa l'esprit. Oubliant qui elle était, Isabella se sentit plus femme que jamais. Les parfums envoûtants et séducteurs l'effleuraient, l'entraînaient au delà de toute frontière. Chaque fille cachait en elle une rose secrète, prête à s'épanouir et à dévoiler ses charmes de douceur. Bella, elle, sentait à présent cette fleur mystérieuse. Elle n'était pas encore pleinement ouverte, son bonheur n'était pas complet. A l'instant où ses pétales s'ouvriraient complétement, alors son épanouissement aurait atteint son paroxysme et elle pourrait vivre en toute félicité.

Perdant le fil des évènements, la vampire n'entendit pas tout de suite l'exclamation de l'archange. Elle l'avait suivi, écouté et observé mais les senteurs entêtantes des roses lui avaient presque fait oublier sa présence pourtant agréable. Ce fut l'odeur suave et âcre du sang qui la ramena brutalement sur terre. Plaquant immédiatement sa main sur sa bouche, Isabella chercha le jeune homme du regard. Il était non loin d'elle, penché sur sa jambe où un filet de sang s'écoulait au travers de son pantalon. La panique lui serra le ventre, elle n'avait pas pris le temps de chasser avant de venir, pensant ne trouver personne. Sa soif allait être légère mais suffisante pour mettre la vie de Samaël en danger. Et briser l'instant doux et magique de leur rencontre. La vampire fit un pas en arrière, très doucement. Sa main était toujours collée à sa bouche pour l'empêcher de sauter sur l'ange. En même temps qu'elle reculait, Bella gardait son regard fixé sur la silhouette ailée. Peut-être était-ce la dernière fois qu'elle le verrait alors autant en profiter pour graver tous les détails dans son esprit. Mais en faisant cela, elle ne se rendit pas compte qu'une racine se trouvait juste derrière elle. Ce qui devait arriver, arriva. Elle tomba à la renverse mais s'empressa de s'éloigner encore un peu plus.

La décision de partir lui taraudait l'esprit mais elle n'arrivait pas à s'y résoudre. Comment allait-il prendre la chose ? Un rocher intercepta son chemin, elle se trouvait à une dizaine de mètres de l'être de Lumière, sautant sur l'occasion, Isabella se cacha derrière. Le contact de la pierre froide calma un peu sa soif, ou était-ce le fait qu'elle était loin du sang ? Ramenant ses genoux sous son menton et croisant les bras dessus, la vampire posa sa tête dans le creux formé par ses jambes repliées et respira l'air frais et purifié de la nuit. Peut-être Samaël avait-il un quelconque pouvoir de guérison et la blessure disparaîtrait rapidement, ils pourraient reprendre leur balade nocturne et prolonger ces instants doux et agréables.
Bella n'osa pas regarder par dessus le rocher. La perspective de voir une tristesse grave dans les yeux de l'archange lui était insupportable. Elle l'avait sûrement déçu alors ça n'était vraiment pas la peine de se torturer un peu plus.

[Il a bien un pouvoir de guérison, mais ça marche pas sur lui Razz

]

Alors qu’il se baissait pour essuyer le sang qui coulait sur sa cheville, Samaël croisa le regard de la vampire l’espace d’un seconde. Il la vit ensuite trébucher sur une racine puis se cacher derrière un rocher. Tout le long, elle avait gardé une main plaquée contre sa bouche et son nez… L’ange pouvait le dire à présent, il avait commis une sacré gaffe… Plus même, si Isabella n’avait pas eu une bonne maîtrise d’elle-même, elle aurait déjà sauté sur le Guide pour tenter de le vider de son sang… Il le savait.

Il arracha le bas de son pantalon, essuya la griffure, et jeta le chiffon imbibé de sang le plus loin possible. Il n’y avait pas d’eau pour mieux nettoyer la plaie, mais il devra faire sans. L’écorchure commençait déjà à cicatriser, ce n’était qu’une blessure superficielle, mais il suffisait de peu pour voire briller les yeux assoiffés d’un vampire. Avec toutes les précautions possibles, l’Archange se releva et se dirigea vers un autre rosier, prenant garde à ne pas se griffer à nouveau. C’était des roses anciennes, magnifiques… Un dégradé de rouge parait les pétales de soie, commençant par un rose pâle à la naissance du bouton, finissant par un rubis à l’épanouissement complet de la fleur… Samaël en cueillit une en faisant attention aux épines, puis il revint vers le rocher derrière lequel s’était tapie la chef des Denali. Il posa la fleur près de la jeune femme et s’assit contre la roche, faisant dos à la damoiselle.

Bien sûr qu’il était triste de la tournure que prenaient les événements, mais il n’en voulait pas à Bella, ce n’était pas de sa faute. Il ne s’en voulait qu’à lui, car il savait pertinemment qu’il avait prit un risque en venant ici… Les roses étaient sauvages et savaient se défendre contre les intrus. Il n’avait jamais réussi à les apprivoiser… En fait, il n’avait jamais vraiment essayé… Mais n’avait-il pas dit plus tôt que « la Beauté est un jardin sauvage » ? Sa voix calme s’éleva une nouvelle fois dans le ciel qui s’éclaircissait petit à petit…

- Ce n’était peut-être pas une bonne idée cette excursion… Mais il faut savoir prendre des risques pour apprécier les bonnes choses.

Un rire cristallin résonna dans l’air. Le sien.

- Je m’excuse pour ce qui est arrivé, je n’ai pas fais attention… Je ne fais jamais attention… Un bon à rien, je vous dis, je me demande parfois pourquoi j’ai été choisi pour… Enfin, je n’ai pas le choix et je dois faire en sorte que tout se passe bien…

Il se tut, laissant le silence se réinstaller peu à peu… Le soleil n’allait pas tarder à se lever, bon sang, que le temps passait vite ! L’ange aurait aimé lui montrer d’autres endroits encore, mais elle ne verra jamais le plus beau, ne pouvant pas voler… C’était bien ennuyeux d’ailleurs, car il avait toujours trouvé les paysages bien plus beaux vus du ciel…

Les secondes devenaient aussi qu'une existence sur terre. Le vent frais et cajoleur de la nuit profonde insufflait un semblant de sérénité à l'esprit d'Isabella. Loin du sang et de la tentation, sa soif se résorbait lentement. Chaque pulsation de son coeur faisait faiblir ce désir de boire le liquide écarlate. Les yeux toujours clos et la tête contre ses jambes, la vampire se balançait doucement d'avant en arrière comme aurait pu le faire un enfant. La fin de leur ballade et la sécurité de Samaël étaient une question de patience. Bientôt, oui bientôt, sa soif aurait complétement reculé au tréfond de son âme. Elle surgirait à la moindre perle rouge évidemment.

Au bout d'un certain temps, selon elle, Bella sentit l'air remuer. Devinant que c'était l'archange, elle resserra sa prise sur elle-même et plissa encore plus les yeux. D'ailleurs, si elle avait ouvert les paupières, on aurait pu constater combien ses prunelles s'étaient obscurcies et combien elles s'étaient élargies, transformant son regard incandescent en océan de ténèbres.
Cependant, à l'approche de Samaël, elle ne sentit rien d'autre que son odeur à lui. Celle d'une fraîcheur et d'une vie pure. Ses muscles se détendirent calmement. Il déposa quelque chose près d'elle puis s'éloigna. Elle le croyait parti lorsque sa voix chaude et rassurante mais, néanmoins troublée, s'éleva derrière elle. Une sensation joyeuse lui étreignit le coeur, il n'était pas parti !

La jeune femme écouta les octaves délicieux de sa voix rassurante. Le remord débordait de partout ce qui lui fit lever la tête. Son regard se posa sur l'horizon puis descendit sur sa gauche, le quelque chose déposé par l'ange se révéla à elle. Une rose. Finement enroulée sur elle-même en une spirale délicate, les couleurs allaient passion et douceur. Rouge et Blanc. Vampire et Ange... Cette pensée traversa l'esprit, à présent plus serein, d'Isabella qui trouva la fleur plus belle que jamais. Ecoutant d'une oreille presque distraite les paroles de l'Être de Lumière, elle réagit à la dernière. Se retournant à moitié pour apercevoir la chevelure instamment argentée et dorée selon l'angle de vue et la luminosité de l'aube.

- On choisit un chef pour son courage pas pour son aptitude à ne pas se blesser dans une roseraie secrète où un vampire traîne.

La buveuse de sang se retourna vers l'horizon bleutée où le soleil pointait ses premiers rayons d'or. Son regard avait retrouvé sa superbe couleur rubis et son âme était de nouveau tranquille. Le plus dur était passé. Mais leur ballade était gâchée. La déception pointa au fond d'elle mais Bella la refoula, elle n'avait pas besoin de ça maintenant. Tout n'était pas perdu. Ils pouvaient... Se revoir ?
Elle prit la parole d'une voix amère, son sourire ressemblait plus à une grimace mais, de là où il était, Samaël ne pouvait le voir.

- J'aurais dû chasser avant de venir... Pardon.

[Tu vas le détester Razz

]

Derrière lui, le ciel se teintait de ses plus belles couleurs, le soleil reprenait sa course, celle du temps qui passe sans s’arrêter, jamais. Un dégradé de rose délavait le ciel qui ne tarderait pas à retrouver sa couleur azure, aucun nuage n’était visible, la journée s’annonçait tranquille, pour le moment… Samaël avait entendu la vampire se retourner et il n’avait pu réprimer un rire amer à sa réplique. Elle avait raison, mais c’était lui qui l’avait amené jusqu’ici, étant totalement conscient des risques qu’il encourait…

Etrangement, la venue d’un jour nouveau ne l’enchantait guère… Pourtant, déçu de devoir mettre fin à cette…ballade, il allait se lever quand la voix d’Isabella l’interrompit.

Il parla sans réfléchir, trop vite bien évidemment, avant d’avoir eu le temps de mesurer ses mots :

- Je préfère autant que vous ayez permit à la victime de prolonger son temps de vie, si court soit-il…

Il s’en voulut aussitôt, ne sachant pas pourquoi son humeur avait si brutalement changé. Gauche, hésitant, il se leva enfin et se retourna vers la jeune femme, il ne voyait que sa cascade pourpre de cheveux. Tant mieux, il préférait éviter de croiser son regard, trop gêné pour le soutenir... Les traits du Guide se partageaient entre une sorte de tristesse et d’irritation.

- Je ne pense pas que le matin soit le meilleur moment pour converser…

L’ange ferma les yeux quelques secondes. Décidemment, il n’était pas au meilleur de sa forme. Il était maladroit dans ses paroles, ce qui ne lui arrivait jamais. De plus, la faim - différente de celle de la chef des Denali cependant - commençait à le tirailler au sein de son ventre. Qui crie famine ne mesure ses actes ni ses paroles…

- Il est temps pour moi de rentrer… En haut. Je ne vous raccompagne pas, ce ne serait pas une très bonne idée je suppose…

S’il avait de la chance, il pourrait se racheter sur son comportement, une autre fois… Si elle lui pardonnait ses maladresses…

[EDIT : on aura même pas fait une page... Sad

Mais je savais plus quoi raconter là ><' ]

La réponse de l'archange déchira l'air en deux. Isabella pinça les lèvres mais ne laissa rien filtrer de son émotion à cet instant. Laissant Samaël parler, elle se releva et constata qu'il était aussi debout. Evitant son regard triste et amer à la fois, elle replaça une mèche folle derrière son oreille. Gardant le silence jusqu'au bout, elle jeta un dernier regard sur la roseraie secrète. Secret qu'il avait choisi de partager avec elle et elle seule. La sensation que ce souvenir était froissé, déchiré, abîmé par sa nature même, lui étreignit le corps mais elle s'interdit de pleurer. Pas devant Lui.

Affichant un vague sourire d'au revoir, Bella se retourna et partit vers le centre du Jardin. Elle aurait voulu courir, fuir cet endroit, désormais plein de souvenirs tristes, mais ses jambes ne voulaient que marcher lentement, comme si elles eurent été de plomb. En chemin, un tourbillon de pensées paradoxales l'assaillit. Sa réplique était justifiée, elle tuait des innocents pour vivre et lui était le protecteur de ces innocents. Elle l'empêchait de faire son travail d'ange mais il venait de lui reprocher sa nature de vampire. Ce changement dans son métabolisme qui lui permettait beaucoup de choses mais l'enchaînait à une nourriture aqueuse et écarlate. Elle n'avait quasiment jamais regretté sa nature mais aujourd'hui elle aurait tout fait pour s'arracher à cette peau de vampire. Samaël lui avait donné sa pensée sincère.. Bella en sortait blessée, meurtrie, mortellement déçue que leur ballade se termine sur une note si amère. La façade de colère et d'aigreur qu'elle affichait n'était aucunement ce qu'elle pensait.

Autour d'elle, les ombres de la nature se profilaient. Isabella aurait aimé détruire ce lieu, c'était un des traits de sa personnalité. Anéantir pour oublier sa blessure.
Plus profondément en elle, la vampire espéra le revoir, s'excuser encore même si elle n'y pouvait rien. Elle serait vampire pour l'éternité comme lui serait ange. Il n'y avait pas de possibilité de retour.
Une unique larme accrocha un rayon de lune puis Bella disparut complétement dans la nuit. Son corps se réveilla au contact de la bise nocturne et elle se mit à courir. Sa direction était inconnue, elle s'arrêterait lorsqu'elle ne tiendrait plus debout. Courir lui ferait oublier.. Du moins c'est ce qu'elle espérait. Croyant sentir un regard perçant au-dessus d'elle, la jeune femme accéléré encore. Le décor autour d'elle n'était plus que lignes sombres.

(Haan on s'en refait un bientôt hein Un aigle passe... [FINI] 984474

C'est encore mieux que ce que j'imaginais.. ça va être long mais beau I love you

)

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